En 2021, James Ashcroft avait marqué les (quelques) esprits tombés sur Balade Meurtrière, un premier long tétanisant de noirceur et de maîtrise. Il vient nous mettre une seconde claque avec The Rule of Jenny Pen, adaptant à nouveau une histoire de l’auteur néo-zélandais Owen Marshall. Le film met en scène la confrontation de deux pensionnaires d’une maison de repos pour personnes âgées sous forme de duel au sommet et de bataille (a)morale. Geoffrey Rush et John Lithgow, deux titans du cinéma et des planches, emmènent le film vers des strates d’intensité dramatique rare : l’un en opprimé accablé dont le courage sourd affleure peu à peu, l’autre en tyran sadique jouant avec perfidie de son apparente fragilité. Il se dégage une beauté poignante à voir deux acteurs vieillissants embrasser sans fard leur fragilité en s’abandonnant à des rôles si âpres, durs et intenses. Sous nos yeux impuissants, se dessine alors le tableau implacable d’une tyrannie insidieuse et inarrêtable, écho glaçant à la montée inexorable et cyclique des dictatures et autres formes d’oppression humaines. Une fable cruelle qui expose, sans détour, les conséquences terribles de la soumission et, celles, douloureuses mais nécessaires, de la lutte.