Avec son deuxième long-métrage (après le mémorable Mister Babadook en 2014), l’Australienne Jennifer Kent se réapproprie le sous-genre parfois faisandé du rape and revenge pour l’élever en une double-fresque sanglante inoubliable : celle, intime, d’une femme à l’humanité détruite, et celle, historique, d’un peuple annihilé par la colonisation. Ereintant, impitoyable, parfois insoutenable (mais jamais complaisant), The Nightingale est un concentré de fureur nihiliste transpercé d’une poésie humaniste transcendante. Les choix narratifs et esthétiques (cet audacieux format 1.33), le script riche et mature et le casting totalement dévoué (incroyable Aisling Franciosi) convergent vers une immersion totale plaquant le spectateur au sol, le nez dans la poussière, avant de l’ériger vers les cieux.
