En mettant en scène un petit groupe d’enfants dotés de facultés surhumaines au cœur d'une cité bétonnée où ils sont souvent livrés à eux-mêmes, le réalisateur Eskil Vogt (scénariste attitré de Joachim Trier) juxtapose l’insouciance angélique de ces têtes blondes à la gravité de leurs actes. Se faisant, il ne se prive pas de brouiller quelques pistes morales, de renverser certains tabous et de creuser méchamment le malaise dans sa représentation de la violence faite aux plus... innocents. Une bombe à retardement filmique, où chaque tic et chaque tac résonne dans l’écho d’une société profondément malade, en perte d'humanité. Au final, le spectateur ressort fasciné par la maîtrise intrinsèque et formelle de l’ensemble et essoré par l’âpreté nihiliste des images, des performances et du discours. Beau, cruel, intelligent.