En 1975, quand Dario Argento termine Les Frissons de l’Angoisse, il sent qu’il en a fini avec le genre du giallo. Ce premier chef-d’œuvre, lui a permis d’affiner sa formule à la perfection, alors même qu’il avait déjà ambitionné en 1973, avec la comédie historique Cinq Jours à Milan, de changer de genre. Son prochain long-métrage doit marquer une nouvelle étape dans sa carrière. Et quelle étape. Suspiria plonge avec frénésie dans les délices licoreux de l’ésotérisme mêlés avec une approche de l’horreur encore plus opératique. Dopé par quelque substance hallucinogène et l’influence déterminante de sa compagne Daria Nicolodi au scénario, il livre son film le plus flamboyant, le plus spirituel, où l’image et le son s’emparent du scénario et le malmènent avec comme seul but de créer l’effroi le plus pur et la stupéfaction la plus délicieuse. Comptant parmi les sommets absolus du cinéma (pas seulement de genre), Suspiria ouvre la voie à une trilogie inégale mais passionnante, qui sera complétée par le fascinant Inferno (1980) et le compliqué Mother of Tears - La Troisième Mère (2007).