Personnalité incontournable des médias espagnols, Narciso Ibáñez Serrador a forgé sa légende en tant que créateur d’émissions télévisuelles populaires. Si le 7e Art n’occupe qu’une part congrue de sa carrière, il y aura laissé une trace indélébile avec deux œuvres incontournables : le monument de l’épouvante gothique La Résidence en 1969 et ce Révoltés de l’An 2000 en 1976. Serrador s’empare du motif classique des enfants tueurs pour le pervertir de l’intérieur, à la fois sur la forme – avec son décor écrasé par un soleil de plomb et son tempo hypnotique – et sur le fond – ces bambins maléfiques n’ont-ils pas les raisons meilleures raisons du monde de s’attaquer aux adultes ? Dosant parfaitement l’angoisse de l’attente et le choc suscité par des séquences inoubliables, ce film d’une modernité jamais abimée par le temps conserve une puissance d’évocation que n’effleurera même pas Come Out and Play, son médiocre remake de 2012.