Au début des années 70, Mario Bava ne fait plus recette. Son incroyable proto-slasher La Baie Sanglante est un bide en Italie, et son cauchemar métaphysique Lisa et le Diable ne trouve pas de distributeur international. Le cinéaste décide de s’essayer au genre alors en vogue : le poliziottesco, ces polars italiens énervés des Années de Plomb. À nouveau confronté à des difficultés de tournage, le magicien Bava réussit tout de même à signer un thriller d’une rage incandescente, qui dégouline de la crasse sociétale et morale dans laquelle s’embourbe l’Italie d’alors. Au-delà du pari technique hallucinant de réaliser un film presque exclusivement à l’intérieur d’une voiture, Les Chiens Enragés ne cesse d’étonner par la radicalité et la finesse de son écriture, avec sa galerie de pourris d’une triste humanité.