Comptant parmi les créateurs horrifiques les plus imaginatifs de sa génération, l’auteur Clive Barker a irrigué le cinéma à travers les adaptations de ses écrits (Candyman, Midnight Meat Train), mais aussi avec ses propres mises en scène : le légendaire Hellraiser ou le fascinant Le Maître des illusions. Entre les deux, Barker a connu l’enfer avec Cabal. Le film est un vrai rêve humide d’amoureux du cinéma d’horreur, où un homme poursuivi par un tueur en série incarné par David Cronenberg se réfugie dans une cité souterraine peuplée de freaks. Lorsque les financiers s’aperçoivent que le long-métrage fait des monstres les gentils de l’histoire, ils dépossèdent Clive Barker du film et taillent à la serpe dans le montage. Cette version cinéma sera longtemps celle que nous connaîtrons, et en dépit de ses défauts, ses évidentes qualités fascinent. Heureusement, le combat pour voir arriver un jour un director’s cut n’a jamais été abandonné : en 2020, une version plus longue de 20 minutes (mais qui comporte en réalité 40 minutes d’images inédites) débarque en vidéo. Cabal devient un tout autre film : une narration plus fluide et cohérente, des personnages plus solides et une débauche visuelle encore plus ample culminent dans un déchaînement de poésie macabre qui constitue un monument de l’œuvre de Clive Barker.